L’arbre des amants
Deux amants sont devenus des arbres
Pour avoir oublié le temps
Leurs pieds ont poussé dans la terre
Leurs bras sont devenus des branches
Ce sont leurs pensées emmêlées
La pluie ni le vent ni le gel
Ne pourront pas les séparer
Ils ne forment qu’un seul tronc
Dur et veiné comme du marbre
Et sur leurs bouches réunies
Le chèvrefeuille a fait son nid
Marcel Réalu 1908 – 1993
La fleur de l’honnêteté
On raconte que vers l’an 250 avant J.-C. dans la Chine ancestrale, un prince de la région nord du pays, à la veille d’être couronné empereur devait, conformément à la loi, se marier.
Sachant cela, il a décidé de mettre à « l’épreuve » les donzelles de la cour ou toute personne qui se trouvait digne de cette proposition. Le lendemain, le prince a annoncé qu’il allait recevoir dans une célébration spéciale toutes les prétendantes et leur lancer un défi.
Une vieille dame, servante du palais depuis de nombreuses années, à l’écoute des commentaires sur les préparatifs, a senti une légère tristesse, car elle sait que sa jeune fille nourrit un sentiment de profond amour pour le prince. A son arrivée à la maison et après avoir raconté la nouvelle à sa jeune fille, elle est stupéfaite d’apprendre qu’elle voulait aller à la cérémonie et a demandé, incrédule :
- Ma fille, que feras-tu là-bas ? Il s’agit de toutes les plus belles et plus riches filles de la cour. Ote toi de la tête cette idée stupide. Je sais que tu souffres beaucoup, mais que la souffrance ne devienne pas folie.
Et la jeune fille répond :
- Non, chère mère, je ne suis pas souffrante et encore moins démente. Je sais que je ne serai peut être pas choisie, mais j’aurai la chance d’être au moins quelques instants près du prince, ce qui me rend déjà très heureuse.
Le soir de la cérémonie, au palais, il y avait, donc, toutes les belles et riches filles, parées de fines étoffes de soie, des plus beaux bijoux et les plus déterminés intentions.
Puis, enfin, le prince annonça le défi :
- Je vais donner une graine à chacune de vous. Celle d’entre vous qui, dans un délai de six mois, m’apportera la plus belle fleur, sera alors choisie comme mon épouse et future impératrice de Chine.
La proposition du prince n’a pas failli à la profondeur des traditions du peuple, qui valorise beaucoup le savoir de « cultiver » quelque chose, que ce soit les traditions, l’amitié, etc. …
Le temps passe et la douce jeune fille, qui n’avait pas beaucoup d’aptitudes dans l’art du jardinage, s’occupe avec grande patience et tendresse de son semis. Puisqu’elle savait que si la beauté de la fleur se présentait avec la même profondeur que son amour, elle n’avait pas besoin de s’inquiéter du résultat.
Trois mois ont passé et la graine n’a toujours pas germé. La jeune fille a tout essayé, en utilisant toutes les méthodes qu’elle connaissait, mais rien n’a poussé. Jour après jour, elle concevait son rêve un peu plus lointain, mais son amour est de plus en plus profond. Enfin, les six mois se sont écoulés et rien n’a poussé. Consciente de ses efforts et de son dévouement, la jeune fille annonce à sa mère que, indépendamment des circonstances, elle retournerait au palais. Puisqu’elle n’aspire à rien d’autre que quelques minutes de plus en compagnie du prince.
Et le moment venu, elle est là ; son pot vide, parmi toutes les autres prétendantes, chacune avec de fleurs, toutes plus belles les unes que les autres, de formes et de couleurs variées. Elle était contemplative, jamais elle n’avait vu de si belle scène. Arrive le moment tant attendu, et le prince considère chacune des prétendantes avec beaucoup de soin et d’attention.
Après être passé devant toutes, une par une, il annonce le résultat et montre sa belle et future épouse. Les convives ont été offusqués du choix du prince.
Personne n’a compris pourquoi il avait choisi celle qui n’avait rien « cultivé ».
Alors, le prince explique calmement :
- Celle-ci a été la seule à « cultiver » la fleur qui la rend digne de devenir impératrice. La fleur de l’honnêteté, parce que toutes les graines qui ont été distribuées étaient stériles.
« L’honnêteté est comme une fleur faite de fils de lumière, qui illumine qui la cultive et répand autour la lumière. »
Une histoire qui se finit bien …
L’équipage d’un bateau transportant des océanographes a eu la surprise de découvrir un chien dérivant sur un bloc de glace dans la mer Baltique, à 25 kilomètres au large des côtes polonaises. Ils ont secouru l’animal, mais n’avaient pas encore retrouvé son propriétaire jeudi.
« Baltic », c’est le nom que lui ont donné ses sauveteurs, a été secouru lundi après avoir dérivé 120 kilomètres alors que la Pologne subit une vague de froid avec des températures plongeant à -20 degrés Celsius. Son sauvetage a été difficile, et à un moment donné, il a semblé que le chien s’était noyé, a témoigné Natalia Drgas, l’un des scientifiques présents à bord du « Baltica », un navire polonais.
Cela a vraiment été une lutte difficile, a-t-elle raconté. Il glissait dans l’eau et remontait péniblement sur la glace. A un moment donné, il a disparu sous l’eau, sous le navire, et nous avons pensé que c’était la fin, mais il est réapparu et est remonté sur le morceau de glace.
Une échelle a alors été descendue et un membre d’équipage a réussi à saisir le chien par la peau du cou et à le hisser à bord. Trop faible pour s’ébrouer, il a été séché et emmitouflé dans des couvertures. Une fois réchauffé, il a été massé, nourri et s’est ensuite remis sur ses pattes pour aller chercher de la compagnie, raconte Mme Drgas.
Le chien avait déjà été aperçu samedi dérivant sur la Vistule dans la ville de Grudziadz, à 100 kilomètres en amont de la baie de Gdansk. Des pompiers avaient tenté de lui porter secours mais n’avaient pas pu s’approcher de lui à cause de l’instabilité des morceaux de glace.
L’équipage du « Baltica », qui a accosté à Gdynia, recherche le propriétaire du chien. Quatre personnes affirmant que l’animal leur appartient se sont présentées, mais Baltic ne semblait pas les connaître, a précisé Mme Drgas. Deux autres maîtres potentiels devaient se rendre à Gdynia pour voir le chien.
Une fois arrivé au port, le bâtard au pelage noir et brun a été examiné par une vétérinaire, qui l’a trouvé en bonne santé malgré sa mésaventure et a estimé qu’il avait cinq ou six ans. Le chien, qui pèse 20 kilos, était visiblement apeuré, mais ne souffrait d’aucune engelure, a précisé Aleksandra Lawniczak. C’est un chien amical qui devait être bien traité par ses maîtres, a ajouté la vétérinaire.
Le capitaine du navire, Jerzy Wisachlo, a précisé que l’équipe d’océanographes est prête à adopter Baltic si son propriétaire n’est pas retrouvé. (source : nouvelobs.com)
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Le coeur parfait
Un jour, un jeune homme debout au centre de son village, proclame qu’il a le plus beau cœur de tous les habitants de la vallée.
Une grande foule se réunit pour admirer cette merveille perfection.
En effet, on n’y trouve pas même une seule trace de cicatrice.
Eh oui, tout le monde assure qu’il a vraiment le plus beau cœur qu’ils n’aient jamais vu.
Le jeune homme est tellement fier qu’il n’arrête pas de se vanter à propos de son cœur impeccable.
Soudain, un vieil homme apparaît en tête de la foule et dit :
- Ton cœur n’est pas aussi beau que le mien.
La foule et le jeune homme regardent le cœur du vieux.
Il bat avec force, mais il est plein de cicatrices, quelques pièces y manquent et d’autres pièces sont ajoutées, mais le mélange n’est pas bien assorti, car on y trouve quelques malformations.
En fait, il y a des vides ou des parties entières du cœur introuvables.
Les gens regardent, stupéfaits :
- Comment peut-il dire que son cœur est le plus beau, pensent-ils ?
Le jeune homme regarde le cœur du vieux, voit son état et rie.
- Tu dois plaisanter, lui dit-il. Compare ton cœur au mien, le mien est parfait tandis que le tien est un mélange de blessures et de larmes.
- Oui, dit le vieil homme, le tien semble parfait, mais je n’échangerai jamais mon cœur contre le tien.
- Tu vois, chaque cicatrice représente une des personnes à qui j’ai donné mon « amour », je retire une pièce de mon cœur, je la leur donne, et souvent ils me redonnent en échange une partie de leur cœur, correspondant à la place vide dans le mien…. Mais parce que les pièces ne sont pas exactes, j’ai dans le cœur, quelques déformations que je chéris, car ils me rappellent l’amour que ces personnes et moi avons partagé.
- Parfois, j’ai offert quelques morceaux de mon cœur, mais l’autre personne ne m’a pas rendu en échange une pièce du sien. Ce sont les trous vides. Donner de l’amour est un jeu de chance. Bien que ces trous soient pénibles, ils restent ouverts, me rappelant l’amour que je porte à ces personnes……
- J’espère leur retour un jour pour remplir l’espace vide dans mon cœur qui me manque tellement.
- Comprends-tu donc, maintenant ce qu’est la vrai beauté ?
Les larmes coulantes sur ses joues et silencieux, le jeune homme s’immobilise. Il avance vers le vieil homme, prend une pièce de son cœur jeune, beau et parfait, l’arrache et l’offre, avec des mains tremblantes à son interlocuteur. Celui-ci reçoit son cadeau, le place dans son cœur plein de cicatrices et de trous. Il en prend une pièce à son tour et la met dans la plaie du cœur du jeune homme.
Le placement est bon mais non parfait, car le jeune cœur est désormais blessé.
Le jeune homme regarde son cœur, qui a perdu sa perfection, mais qui, par contre est devenu plus beau qu’il ne l’a jamais été, depuis que l’amour venant du vieil homme coulait dans le sien.
Ils s’enlacent, s’embrassent et quittent les lieux côte à côte.
Epilogue : Chaque jour, faites savoir à ceux que vous chérissez combien vous les aimez et les appréciez car il se peut que demain n’arrive pas.
Prière Amérindienne (Ojibwa)
O Grand Esprit,
Dont j’entends la voix dans les vents
Et dont le souffle donne vie à toutes choses,
Écoute-moi.
Je viens vers toi comme l’un de tes nombreux enfants
Je suis faible…je suis petite…
j’ai besoin de ta sagesse et de ta force.
Laisse-moi marcher dans la beauté, et fais que mes yeux
Aperçoivent toujours les rouges et pourpres couchers de soleil.
Fais que mes mains respectent les choses que tu as créées.
Et rends mes oreilles fines pour qu’elles puissent entendre ta voix.
Fais-moi sage,
De sorte que je puisse comprendre ce que tu as enseigné à mon peuple
Et les leçons que tu as cachées dans chaque feuille et chaque rocher.
Je te demande force et sagesse,
Non pour être supérieure à mes frères
Mais afin d’être capable de combattre mon plus grand ennemi, moi-même.
Fais que je sois toujours prête
À me présenter devant toi
Avec des mains propres et un regard droit.
Ainsi,
Lorsque ma vie s’éteindra
Comme s’éteint un Coucher de soleil
Mon esprit pourra venir à toi sans honte …
Le secret – un conte de Syrie
Avant de venir sur la Terre nous vivions ailleurs.
Juste avant notre naissance, un ange s’est penché sur nous en disant :
- Chuuuut ! Tu ne dois pas te souvenir.
Et il a appuyé son index sur nos lèvres en y laissant son empreinte.
Voilà pourquoi nous avons tous un creux entre le nez et la bouche. C’est la marque du secret oublié qui nous lie au ciel.
Les trois portes de la sagesse
Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.
- Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie, demanda le Prince.
- Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton cœur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi.
Le Vieux Sage disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire « CHANGE LE MONDE » .
C’était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas. Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des années passèrent. Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande :
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas.
- C’est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise.
Et il disparut. Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire « CHANGE LES AUTRES ».
C’était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d’amertume et de frustration. Et il s’insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.
Un jour, alors qu’il méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses.
- Tu as raison, dit le Sage. Parce qu’ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Sois reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir.
Et le Vieil Homme disparut.
Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots « CHANGE-TOI TOI-MEME ». Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire, se dit-il. Et il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien des années de ce combat où il connut quelques succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, qu’il y a en nous des choses qu’on peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à briser.
- C’est bien, dit le Sage.
- Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de me battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise.
- C’est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d’aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru.
Et il disparut.
Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait « ACCEPTE-TOI TOI-MEME. »
Le Prince s’étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la première fois, dans l’autre sens. Quand on combat on devient aveugle, se dit-il. Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer. Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda:
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement.
- C’est bien, dit le Vieil Homme, c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème porte.
A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut « ACCEPTE LES AUTRES ». Tout autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées. Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné et contre quoi il s’était battu. Il rencontra à nouveau le Vieux Sage.
- Qu’as-tu appris sur le chemin ? demanda ce dernier.
- J’ai appris, répondit le Prince, qu’en étant en accord avec moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement.
- C’est bien, » dit le Vieux Sage. C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.
Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut « ACCEPTE LE MONDE ».
Curieux, se dit-il, que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même monde qu’autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ?
Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda :
- Qu’as-tu appris sur le chemin ?
- J’ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait, mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement.
- C’est la 3ème Sagesse », dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde.
Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.
- Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence.
Et le Vieil Homme disparut.
Le pouvoir de la porte noire
Il était une fois, au pays des mille et une nuits, un roi très critiqué pour ses actes de guerre. Une fois qu’il avait fait prisonniers tous ses ennemis, il les conviait dans une grande salle.
Le roi criait :
- Je vais vous donner une dernière chance. Regardez tous à droite. Tous tournaient la tête vers une rangée de soldats armés d’arcs et de flèches, prêts à leur tirer dessus.
- Maintenant, disait le roi, regardez tous à gauche.
Dans cette direction, les prisonniers pouvaient apercevoir une gigantesque porte noire d’aspect dantesque incrustée de crânes humains sanguinolents, de mains décharnées, de morceaux de cadavre en putréfaction. Une porte d’aspect infernal… qui les faisait frissonner d’horreur.
Le roi se positionnait au centre de la salle :
- Ecoutez moi tous. Que désirez-vous le plus ? Mourir transpercés par les flèches de mes archers ou bien tenter votre chance et passer le seuil de la porte noire ? Décidez-vous, je respecterai le choix de votre libre arbitre…
Tous les prisonniers adoptaient le même comportement : au moment de se décider, ils approchaient de la porte géante, lui jetait un regard tourmenté et se prononçaient en tremblant :
- Nous préférons mourir sous tes flèches !
Aucun d’entre eux n’osait ouvrir la porte, imaginant quelle insoutenable destin il trouverait là derrière.
Mais un jour, la guerre fut terminée. Et un soldat qui faisait partie autrefois du peloton d’exécution des archers, osa interroger le roi :
- Tu sais, grand roi, je me suis toujours demandé ce qu’il y avait derrière la porte noire.
Le roi répondit :
- Tu te souviens que je donnais le choix aux prisonniers ? Ils pouvaient pousser la porter ou opter pour une mort certaine. Eh bien, toi, vas ouvrir la porte noire !
Le soldat, frémissant, s’exécuta et la porte tourna sur ses énormes gonds grinçant. Un pur rayon soleil balaya le sol dallé. Alors le soldat ouvrit la porte en grand. La lumière inonda la salle. Elle provenait d’un paysage verdoyant. Le soldat vit un chemin qui montait au milieu des arbres. Et il comprit : ce chemin, c’était celui de la liberté !
Nous avons tous une porte noire dans l’esprit. Pour les uns c’est la peur de l’inconnu, pour les autres, un client difficile, la frustration, la crainte du ridicule, celle du risque, celle d’être rejeté, d’innover, de changer…
Mais s’il est vrai qu’on peut perdre, il est également vrai qu’on peut gagner ! Derrière la peur, se trouve le rayon de soleil. Derrière le chaos apparent, il y a peut être une nouvelle étape de votre vie, plus heureuse, plus sereine. Ne vous désespérez pas en temps de crise… avancez sans peur. Décidez de triompher !
« Le courage est la résistance à la peur : la maîtresse et non l’absence de la peur. » Mark Twain
Le miroir magique
Iriku avait beaucoup aimé son père. Aujourd’hui, le vieillard avait rejoint les ancêtres. Souvent, quand il tressait un panier de bambou, Iriku songeait : » si mon épouse n’avait pas eu tant d’aversion pour mon honorable père, il aurait été plus heureux dans ses vieux jours. Je n’aurais pas hésité à lui manifester mon affection, mon respect filial. Nous aurions eu de longues et douces conversations. Il m’aurait entretenu des gens et des choses du passé… » Et une mélancolie le prenait.
Un jour de marché, Iriku le vannier écoula son lot de paniers plus rapidement qu’à l’ordinaire. Il se promenait un peu désœuvré parmi les éventaires, quand il remarqua un marchand chinois, qui offrait souvent des objets étranges :
» Approche Iriku, dit le marchand, j’ai là quelque chose d’extraordinaire. »
Et avec un air de mystère, il retira d’un coffre un objet rond et plat recouvert d’une étoffe de soie. Il le plaça entre les mains d’Irak, et avec précaution, il fit glisser l’étoffe. Iriku se pencha sur une surface polie et brillante. Il reconnut dedans l’image de son père, tel qu’il avait été au temps de sa jeunesse. Bouleversé, il s’écria : » cet objet est magique !
_Oui, dit le marchand, on appelle cela un miroir, et sa valeur est grande ! »
Mais la fièvre avait saisi Iriku :
» Je t’offre tout ce que je possède, dit-il. Je veux ce » miroir magique » et emporter chez moi l’image de mon père bien-aimé. »
Après un long palabre, Iriku abandonna au marchand toute sa recette de la matinée.
Dès qu’il fut rentré chez lui, Iriku alla dans son grenier et cacha l’image de son père dans un coffre. Les jours suivants, il s’éclipsait, montait au grenier, retirait le » miroir magique » du coffre ; il demeurait de longs instants à contempler l’image vénérée et il était heureux.
Sa femme ne tarda pas à remarquer son étrange conduite. Un après-midi, alors qu’il abandonnait un panier à moitié tressé, elle le suivit. Elle le vit monter au grenier, fouiller dans un coffre, en extraire un objet inconnu, le regarder longuement en affichant un air mystérieux de plaisir.
Il recouvrit ensuite l’objet d’une étoffe et le rangea avec des gestes amoureux. Intriguée, elle attendit son départ, ouvrit à son tour le coffre, découvrit l’objet, fit glisser l’étoffe de soie, regarda et vit : » Une femme ! »
Furieuse, elle descendit et apostropha son mari: » Ainsi tu me trompes en allant contempler une femme dix fois par jour dans le grenier !
_ Mais non ! fit Iriku, je n’ai pas voulu t’en parler parce que tu n’appréciais guère mon père, mais c’est son image que je vais voir, et cela apaise mon cœur.
_ Misérable menteur ! Vociféra la femme. J’ai vu ce que j’ai vu ! Une femme que tu as cachée au grenier !
_ Je t’assure … »
La dispute s’envenimait, devenait infernale, lorsqu’une nonne mendiante se présenta à la porte.
Le couple réclama son arbitrage. La nonne monta au grenier, revint :
» C’est une nonne ! » dit-elle.
En conclusion : » Tout le malheur des hommes vient de ce qu’ils ne vivent pas dans le monde, mais dans leur monde. » Héraclite
Le cocon et le papillon
Un jour, une ouverture apparut dans un cocon. Un homme s’assit et regarda le papillon naissant se battre pendant des heures pour crever son abri et forcer le petit trou à s’agrandir.
Mais bientôt il sembla à l’homme que l’insecte ne progressait plus. Il était allé aussi loin qu’il avait pu mais il ne bougeait plus. Alors l’homme prit une paire de ciseaux et découpa délicatement le cocon pour aider le papillon à sortir. Celui-ci émergea facilement.
Mais il avait un corps chétif et ses ailes froissées étaient atrophiées. « Pas grave, il va se développer » se dit l’homme et il continua à regarder le papillon en espérant qu’il déploie ses ailes pour voler. Mais cela n’arriva jamais. Le papillon passa le reste de sa vie à ramper sur son petit corps, incapable d’utiliser ses ailes rabougries.
Ce que l’homme, dans sa bonté précipitée, n’avait pas compris, c’est que le cocon trop serré est une ruse de la Nature pour forcer le papillon à le percer et à entraîner ses ailes… A cette condition seulement, il peut voler. Parfois, nos angoisses, nos échecs, nos coups durs sont précisément ce dont on a besoin.
Si la nature permettait qu’on avance dans la vie sans jamais rencontrer aucun obstacle, cela nous affaiblirait, nous serions semblables à ce papillon trop vite naît à qui la facilité a coupé les ailes.
Moralité : la liberté est chèrement acquise… Mais on ne vole pas sans s’entraîner un minimum !